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LES PLANTES TINCTORIALES

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Elles servaient à fabriquer les 3 couleurs de base, jaune, rouge et bleu qui permettent de décliner ensuite toutes les couleurs de l’arc en ciel. Il est rare qu’une plante ne contienne aucun principe colorant, mais tous ne se valent pas.

 

Dans le monde végétal, le jaune est la couleur la plus répandue, mais parmi les plantes les plus utilisées, les genêts et la gaude (réséda) offrent une teinture de meilleure qualité. Le crocus à safran donne également un très joli ton de jaune orangé. La Tanaisie, utilisée aussi comme plante aromatique (à la place de la sauge), ou comme plante insecticide, servait également à fabriquer une gamme de couleurs du jaune au vert selon les parties de la plante que l’on utilisait.La Verge d’Or donne aussi une belle couleur du jaune à l’orange. Le Carthame était cultivé dès l’Antiquité en Egypte, et fut propagé par les Romains. On l’appelle aussi Safran Bâtard car il a souvent servi à falsifier le véritable safran. Les fleurs de souci (appelé autrefois « le safran du pauvre ») sont encore utilisées pour donner un colorant alimentaire, pour colorer le beurre, le fromage notamment… Bien que le vert soit souvent obtenu avec le jaune et le bleu, on tirait aussi une couleur verte dite vert d’iris, de l’iris de Florence ; cette couleur était très appréciée et utilisée dans les miniatures.

 

Le rouge de la garance est extrait de sa racine. Elle colora les pantalons de l’infanterie française jusqu’à la fin du XIXème siècle.

 

La couleur la plus rare fut le bleu : le pastel occitan fut le meilleur d’Europe à la Renaissance et forgea la légende du pays de Cocagne au XVIème siècle, entre Albi, Toulouse et Carcassonne. Ce sont les feuilles de l’Isatis Tinctoria ou guède (dont la floraison est jaune !) qui donnent cette couleur bleue inimitable dont des passionnés ont relancé la fabrication à Lectoure. Les feuilles, mises à sécher puis broyées à la meule, servaient à confectionner une pâte sèche, d’où le nom de pastel. La pâte servait ensuite à confectionner à la main des petites boules, ou coques, d’où le nom de Cocagne donné au pays situé entre Toulouse, Carcassonne, Albi et Lectoure. Nos coques étaient ensuite mises à sècher. Lorsqu’elles étaient dures, elles étaient brisées à la masse puis concassées plus finement au moulin pastelier. La poudre ainsi obtenue était encore mélangée à de l’eau, les hommes venaient y pisser, on avait découvert les vertus alcalines de l’urine. La préparation était régulièrement remuée puis reposait au moins 4 mois, le temps de la fermentation. On la séchait ensuite puis on transformait la préparation en granulés. Ce sont eux qui, mélangés à l’eau, donnait cette lotion bleue dans laquelle les tissus étaient trempés, une ou plusieurs fois. La préparation du pastel nécessitait donc beaucoup de temps et de main d’œuvre. Des fortunes se sont bâties grâce à cette plante : les plus beaux hôtels de Toulouse appartenaient à des pastelliers. On dit même que la rançon de François Ier, fait prisonnier à Pavie en 1525, a été cautionnée par un négociant en pastel toulousain, Pierre de Bernuy. Les plus beaux hôtels particuliers de Toulouse ont pour origine la fortune des pasteliers, outre l’hôtel de Pierre de Bernuy intégré au Lycée Fermat, l’hôtel d’Assézat, de Bosredon, de Delcros- Lancefoc.Vous pouvez voir tout près d’ici, à La Réole, un château construit grâce à la fortune d’un autre marchand de pastel Pierre de Cheverry. Allez y, le château et les jardins sont magnifiques, et c’est gratuit. L’été s’y déroulent également de nombreuses manifestations gratuites elles aussi, théâtre, expos, concerts…

L’arrivée de l’Indigo des Indes (moins cher) à partir du XVIème mit un terme à sa fabrication, sauf lors du blocus napoléonien. Autre usage du pastel : Selon Jules César, les Gaulois utilisaient la guéde (pastel) pour se rendre plus effrayants ; origine, parait-il, de notre expression « une peur bleue » !

 

N’oublions pas le sureau pour la belle couleur violacée que prennent les mains lorsque l’on récolte les baies. Récemment encore, on fabriquait l’encre d’écolier à partir de jus de baies de sureau. Aujourd’hui le jus de sureau noir est encore un excellent colorant alimentaire qu’on utilise toujours dans la composition des estampilles utilisées pour identifier les quartiers de viande en boucherie.

 

Ici également, un plant de saponaire pour rappeler que les Anciens l’utilisaient à la place du savon, mélangé au saindoux et à la cendre de bois. Pour s’en convaincre, il suffit de se frotter les mains avec quelques feuilles pour faire apparaître une mousse verte qui adoucit la peau.

 

La vie n’était pas si facile au Moyen Age et il fallait beaucoup de débrouillardise et d’imagination.

 

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